III

Le taxi était à présent encerclé par une horde menaçante d’Indiens dépenaillés, bien décidés, selon toute apparence, à récupérer ce fameux collier de fer qui, décidément, prenait de plus en plus de place dans l’existence de Bob Morane et de Bill Ballantine. Le leur donner ? Ce n’eût pas été une solution, car il était probable que, par la suite, les scélérats n’auraient pas hésité à assassiner les deux amis afin d’éviter qu’ils ne témoignassent contre eux.

Pendant un instant, les agresseurs étaient demeurés immobiles, attendant sans doute un signal qui ne venait pas. Finalement, l’un d’eux se décida et ouvrit brusquement la portière. Il n’alla cependant pas plus loin car, d’un direct à la mâchoire, Morane l’envoya rouler dans la poussière.

— Bravo, commandant ! jubila Ballantine. Cela fera peut-être réfléchir les autres.

Tout en parlant, le géant lâchait le chauffeur qui, à demi étranglé, roula sans connaissance sur la banquette. D’autres agresseurs forcèrent les passagers à sortir du taxi mais Ballantine se mit à distribuer les coups de poing avec une telle générosité que plusieurs assaillants furent à leur tour mis proprement hors de combat, sans même avoir le temps de se rendre compte de ce qui leur arrivait.

En dépit de ces rapides et successives victoires, Bob Morane jugeait la situation avec réalisme. Bill et lui avaient profité de l’effet de surprise pour mettre quelques Indiens hors de combat, mais il en demeurait une bonne douzaine auxquels la victoire finale ne pouvait échapper. Il fallait donc fuir sans tarder. Aussi, après avoir assommé un des bandits qui le serrait de trop près, Morane regagna-t-il la voiture dont le moteur tournait au ralenti et il cria à son ami aux prises avec plusieurs vauriens armés de coutelas :

— Embarque-toi, Bill !… Il nous faut filer… C’est notre seule chance…

Non sans peine, l’Écossais parvint à se dégager et sauta dans la voiture, dont il claqua la portière derrière lui. Rapidement, Bob passa en marche arrière et fit reculer le véhicule, puis il engagea la première et donna un violent coup d’accélérateur. Devant cette brusque ruée, les Indiens se jetèrent de côté afin d’éviter d’être écrasés. Mais, cent mètres plus loin, un nouveau groupe surgit : une douzaine d’hommes prêts à se jeter tous ensemble sur le taxi dès que celui-ci passerait à leur portée.

Rapidement, Bob passa en seconde et mit les gaz. La voiture fit un bond en avant et fonça droit sur les assaillants qui, pris d’une soudaine panique à l’approche de ce bolide, n’eurent d’autre ressource que de regagner le fossé d’où ils étaient sortis. Quand ils voulurent en sortir à nouveau pour revenir à la charge, l’auto s’était déjà perdue dans l’obscurité et l’on n’apercevait plus d’elle que des feux rouges s’éloignant dans la nuit.

— Le tour est joué, constata Morane. Quand même, il était moins cinq…

— Dommage que vous m’ayez interrompu, commandant, dit Bill en riant. J’allais envoyer encore quelques-uns de ces gaillards faire de beaux rêves au paradis de Vishnou, quand vous avez décidé d’arrêter les frais. Je dois vous avouer que cela me chagrine un peu, car vous savez que je n’aime pas faire les choses à moitié…

— Ils étaient nombreux et armés, rappela Morane, et mieux valait leur céder le terrain. L’essentiel est que nous nous en soyons tirés et que plus rien ne nous empêche désormais de regagner l’hôtel…

— Je ne m’en plaindrai pas, assura l’Écossais, car nous avons eu notre pleine ration de surprises pour aujourd’hui…

À peine avait-il terminé sa phrase qu’il dut se rendre compte que les surprises n’étaient pas terminées pour autant. Le chauffeur indien, sorti de son évanouissement, se précipita soudain sur la portière, l’ouvrit et tenta de se précipiter au-dehors. De sa large main, Ballantine le happa par la veste et voulut le tirer en arrière. Un craquement d’étoffe déchirée se fit entendre et l’Indien plongea au-dehors, boula sur le sol comme un lièvre touché par la charge du chasseur, rebondit sur ses pieds et se mit à courir à travers la campagne où il disparut dans la nuit pendant que Bill, stupéfait, contemplait le morceau de tissu qui lui était demeuré dans la main.

— Par exemple ! s’exclama-t-il. Est-ce qu’il n’aurait pas pu porter des vêtements en nylon indéchirables, comme tout le monde ?

— Laisse-le filer, conseilla Bob philosophiquement. De toute façon, nous aurions bien du mal à le retrouver dans l’obscurité, car il doit connaître la contrée, et nous pas. Et puis, nous risquerions de tomber à nouveau sur la bande de ses complices… Il n’a pas emporté le collier au moins ?

— Non, commandant, assura Bill. Il est toujours sur le plancher, à l’endroit, où il est tombé quand vous en avez caressé un peu rudement le museau de ce sale individu… À propos, je me demande pourquoi tous ces gens semblent si soucieux de s’emparer de cette maudite ferraille…

— Il y a un mystère là-dessous, admit Bob, le front barré d’un pli songeur. Je ne vois pas comment l’éclaircir pour l’instant, mais j’ai la ferme intention de m’y atteler avant longtemps…

— De toute façon, compléta Ballantine, il nous faudra veiller au grain. J’ai comme l’impression que ces gens-là ne vont pas demeurer sur une défaite et qu’ils vont revenir à la charge…

— En ce qui me concerne, ce n’est pas une impression, lança Bob avec un mince sourire, mais une certitude… J’aperçois des phares dans mon rétroviseur. Nos agresseurs avaient sans doute une voiture planquée quelque part, et ils nous donnent la chasse…

Bien que Morane eût le pied au plancher, les phares derrière le taxi ne paraissaient pas s’éloigner. Au contraire, les deux amis durent bientôt se rendre à l’évidence : les poursuivants gagnaient rapidement du terrain.

— Ils se rapprochent, constata Bill. Plus vite, commandant… sinon nous allons être rejoints…

— Rien à faire, répliqua Bob. Je pousse à fond. Ce vieux tacot ne pourrait aller plus vite sans se résorber en pièces détachées…

L’Écossais, qui regardait les phares grossir de plus en plus dans le noir, poussa une exclamation.

— Mais ce n’est pas une voiture ! Nous sommes suivis par deux motards et… on dirait des policiers…

Le géant ne s’était pas trompé car, dans une pétarade de moteurs, les deux motocyclistes rejoignirent le taxi pour l’encadrer tout en ordonnant par gestes à son conducteur de stopper. À présent, leurs uniformes se détachaient en pleine lumière et il était impossible de les confondre avec les bandits loqueteux qui avaient assailli les deux amis peu de temps auparavant…

— La police de la route, murmura Bob. J’aime mieux ça… Mais que nous veulent-ils ?… À ma connaissance, je n’ai pas fait d’excès de vitesse. Cela m’aurait été bien impossible avec cette tortue montée sur roues…

Obéissant à l’injonction des agents, Morane ralentit et rangea le taxi le long de l’accotement. Il s’apprêtait à narrer sa mésaventure aux policiers, quand il vit luire dans l’ombre le canon d’un revolver et, à sa grande surprise, il entendit l’un des deux motocyclistes lui jeter d’une voix hargneuse, en anglais :

— Haut les mains ! Vous allez nous suivre jusqu’au commissariat central…

— Bien volontiers, dit Bob, mais j’espère que vous nous ferez l’honneur de nous apprendre le motif de cette arrestation ?

La voix du policier se fit sarcastique, et il expliqua :

— Ignorez-vous vraiment que la voiture dans laquelle vous vous trouvez en ce moment a été volée cet après-midi même près de Mount Road ?

— En voilà bien d’une autre ! s’exclama Bill qui paraissait aussi malheureux que le renard de la fable… Que nous tombions sur des brigands ou sur des policiers, c’est toujours pour être traités de voleurs, alors qu’au contraire, de toute façon, nous sommes les volés…

 

*

 

Longuement, sans jamais l’interrompre, le commissaire avait écouté le récit de Morane. Pourtant, pendant que le Français parlait, une expression de scepticisme avait envahi progressivement le visage basané du policier, dont les lèvres avaient finalement esquissé un rictus.

— Votre histoire me paraît bien invraisemblable, dit-il quand Bob eut fini de parler. Vous étiez dans ce taxi quand mes hommes vous ont arrêtés et, jusqu’à nouvel ordre, je dois vous considérer comme étant les voleurs… Comme tels, vous avez été pris en flagrant délit et je me vois obligé de vous garder à la disposition de la justice…

— Décidément, remarqua Bill en s’adressant à Morane, ce n’est pas notre jour de chance, commandant. On achète un bidule en fer forgé pour dix fois sa valeur, puis on manque de se faire écharper soi-disant parce qu’on aurait volé le bidule en question, puis on se fait kidnapper et, finalement, c’est nous les dindons de la farce… C’est tout juste si on ne nous a pas passés à tabac… en admettant que nous nous soyons laissé faire…

On allait mener les deux amis dans un cachot quand Bob, qui n’avait nulle envie de faire connaissance avec les inconfortables geôles indiennes, eut une inspiration subite. Il se tourna vers le commissaire et déclara :

— Si vous ne nous croyez pas, mettez-vous donc en rapport avec Sheela Khan, le chef de la police secrète, à Calcutta. Non seulement c’est un ami à nous, mais mon compagnon et moi avons eu à plusieurs reprises l’occasion de collaborer avec lui. Il répondra sans aucun doute de nos personnes… Un simple coup de téléphone à Calcutta…

Le commissaire fronça les sourcils et demanda, avec une nuance de respect dans la voix :

— Ainsi, vous seriez des amis de Son Excellence Sheela Khan ? Bien sûr, dans ce cas… Mais vos déclarations devront être vérifiées. Dès demain matin, je…

— Ce sera un peu tard, coupa Bob avec énergie. Étant innocents, nous ne tenons pas à passer la nuit en prison… Il vous est facile d’appeler Calcutta dès à présent…

Pendant un instant, le chef de la police demeura silencieux puis la crainte de commettre une bévue emporta sa décision. Il décrocha le téléphone et réclama d’urgence la communication avec Calcutta. Il fallut cependant attendre une demi-heure, ce qui est normal aux Indes, où les liaisons téléphoniques interurbaines sont fort lentes à établir et le commissaire put engager la conversation avec un invisible interlocuteur. Au fur et à mesure que cette conversation se poursuivait, l’hostilité que reflétait jusqu’alors le visage du policier disparaissait graduellement, comme s’apaise une eau remuée. Les dernières paroles du commissaire furent les suivantes :

— Oui… Il s’agit bien en effet du commandant Morane et de M. Bill Ballantine… Leurs papiers sont tout à fait en règle… Non, aucune erreur possible… Les relâcher immédiatement ?… Entendu, monsieur le secrétaire… Entendu… Mes respects à Son Excellence.

Le policier reposa le combiné sur sa fourche et devint, comme par miracle, d’une exquise amabilité.

— Son Excellence Sheela Khan est pour le moment absente de Calcutta, expliqua-t-il d’une voix suave, et elle ne rentrera pas avant demain matin. Toutefois, j’ai pu parler à son secrétaire. Il est formel et répond de vous comme de lui-même. Il semble que vous êtes très en cour auprès de Sheela Khan, qui est un fort haut personnage. Je m’excuse de ma méprise, sahibs, mais vous étiez au volant d’une voiture volée, et je ne pouvais deviner. Bien entendu, vous êtes libres… Et si je puis vous être à tout moment de quelque utilité…

— Les apparences étaient contre nous, je le reconnais, fit Bob avec courtoisie, et votre erreur était bien compréhensible. En nous appréhendant, vous ne faisiez que votre devoir et cela vous honore, tout comme cela honore vos hommes qui nous ont arrêtés… Puis-je vous prier, monsieur le commissaire, de faire appeler un taxi, un qui n’a pas été volé cette fois, de préférence, pour que nous puissions rejoindre notre hôtel…

 

*

 

Ce fut sans encombre que, cette fois, les deux amis purent regagner l’hôtel du Delta. Ils retrouvèrent avec plaisir le confort de leur chambre climatisée et s’offrirent aussitôt la douche dont ils avaient le plus grand besoin.

L’eau est rare en Inde et la pression y est presque inexistante. On y remédie en établissant sur le toit des hôtels des réservoirs qui, exposés toute la journée à l’ardeur du soleil, dispensent une eau d’une fraîcheur toute relative. Le mince filet coulant de la douche était tiède mais il parut cependant délicieusement frais aux deux amis après les mésaventures par lesquelles ils venaient de passer.

Vêtus de frais, cravatés, Bob Morane et Bill Ballantine se retrouvèrent au restaurant où ils dînèrent de bon appétit. Après avoir avalé leur dessert, composé de confiture aigre-douce, ils regagnèrent leur chambre pour y tenir un bref conciliabule. Pendant que Bill servait les whiskies bien glacés, Bob avait ouvert le paquet contenant le collier et examinait pensivement les figures gravées sur les plaques de métal.

— Je n’y distingue rien d’autre que les attributs classiques de Çiva, finit-il par dire en déposant le collier sur la table. La facture en est ancienne et les gravures pourraient fort bien avoir été exécutées voilà cinq ou six cents ans…

— Cela ne nous apprend toujours pas pourquoi ces gens en voulaient tellement à ce mauvais collier de fer, fit remarquer Ballantine.

— C’est une énigme, en effet, reconnut Bob. Dans la boutique de Mamoud Sourah, nous avons vu d’autres merveilles pouvant exciter davantage la convoitise de voleurs. Ce collier, même authentique, ne mérite certes pas tant d’honneur…

— Peut-être ont-ils cru qu’il s’agissait là d’un objet de grande valeur, supposa Bill.

Mais Bob Morane, secouant négativement la tête, répliqua :

— Cette possibilité est bien difficile à admettre. Passe encore s’il n’y avait eu que ce petit Indien qui a tenté de nous subtiliser le collier, mais l’entrée en scène du faux chauffeur de taxi suppose l’existence d’une organisation bien au point. Des voleurs de cette envergure ne se laissent pas guider par leur imagination. Ils devaient donc agir dans un but précis…

— Dans ce cas, fit Bill, ils ne s’en tiendront pas à cette tentative manquée, et ils vont revenir à la charge. Peut-être serait-il prudent de confier le collier au coffre-fort de l’hôtel…

— Bah ! lança Bob avec insouciance, qui pourrait monter jusqu’ici ? Nous sommes au huitième étage, ne l’oublie pas, et nous allons soigneusement verrouiller notre porte. En outre, pour que nos adversaires connaissent l’endroit où nous logeons, il faudrait que nous soyons surveillés depuis notre arrivée à Madras. De toute façon, pour parvenir jusqu’ici, il faudrait que nos ennemis aient des ailes…

— Peut-être avez-vous raison, commandant, concéda Bill. Je persiste pourtant à croire que le collier serait plus en sécurité dans une armoire blindée que dans cette chambre ouverte à tous les vents…

— Ne nous laissons pas emporter par notre imagination, conclut Bob en étouffant un bâillement. Pourquoi ce morceau de vil métal déclencherait-il tant de passions ? À ma connaissance, les voleurs indiens ne sont pas des collectionneurs fanatiques comme je le suis… Nous avons dû être le jouet d’une coïncidence, sans plus… Le Français se leva et, ouvrant le tiroir d’une commode, il y glissa le collier de Çiva tout en annonçant :

— Après les émotions de cette soirée, je suppose, Bill, que tu as tout autant que moi envie de passer une bonne nuit ?

— C’est exact, avoua le géant. Je suis vanné, et je n’aurai pas besoin qu’on me tienne la main pour me plonger dans un sommeil d’ange innocent…

Dix minutes plus tard, après avoir pris une nouvelle douche, les deux amis se glissèrent dans leurs lits jumeaux et, après avoir rabattu sur eux leurs moustiquaires, ils ne tardèrent pas à sombrer dans un profond sommeil.

Peut-être ce sommeil aurait-il été moins paisible, si les deux Européens avaient pu apercevoir cette ombre blottie sur le balcon d’une chambre de l’étage inférieur à celui où se trouvait leur chambre. Une ombre qui n’avait pas perdu un seul des propos échangés par eux. Une ombre qui n’était autre que le jeune Indien rencontré en fin d’après-midi et qui, après avoir tenté de leur subtiliser le collier, les avait eux-mêmes traités de voleurs…

 

Le collier de Civa
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